Annette Kellerman,
à contre courant des vagues et des modes.

Nous sommes en 1905, la France découvre Annette Kellerman, une jeune nageuse de 19 ans, déjà célèbre en Australie sous le surnom de « La Sirène ». 25 ans après la première traversée de la Manche à la nage, elle est la première femme à tenter l’exploit de rejoindre la rive anglaise.

Un soir de 1906, Kellermann se lance dans cette traversée engoncée dans un lourd costume de bain victorien couvrant ses jambes et ses bras, décence oblige. Elle est contrainte à l’abandon après 10 heures de lutte contre les courants et le poids de la maille gorgée d’eau. 

C’est cet échec qui inspirera à Annette un autre combat, pour la libération du corps des femmes et notamment des baigneuses. 

En 1907, elle se fabrique un prototype composé de quelques sous-vêtements qu’elle assemble entre eux pour donner une sorte de combinaison proche du corps, plus légère, moins encombrante et très semblable à celle de ses homologues masculins. 

C’est sur une plage de Boston qu’elle ira se mettre à l’eau ! Mais ses bras et ses jambes découverts attirent bien vite l’attention, et Annette Kellerman sera exclue de la plage puis poursuivie en justice pour outrage aux bonnes moeurs. Relaxée grâce à une défense justifiant du caractère sportif de sa tenue, la nageuse voit désormais dans ce maillot de bain, un symbole de libération du corps féminin. 

Annette profite alors de la médiatisation de son arrestation pour défendre ses idées, et lancer sa propre ligne de maillots de bain féminins, le Kellermann ! Ouvertement similaire à son prototype, interdit pour « indécence », le succès est immédiat. 

Malgré l’opposition masculine et une police des plages aux aguets, il s’en vend des dizaines dans les Grands Magasins Parisiens et on le  retrouve sur les plus belles plages de la Riviera. 

Le magazine Harper’s Bazaar lui consacrera des lignes élogieuses dans sa publication de Juin 1920, décrivant des maillots: « célèbres pour leur coupe parfaite, la beauté exquise et plastique de leurs lignes. »

Rien que ça. 

Annette Kellerman ne marquera peut être pas l’histoire pour sa traversée de la Manche, mais son nom sera retenu pour son combat féministe, libérant à jamais le corps des baigneuses. 

Kellerman s’éteint le 6 novembre 1975. Ses cendres seront dispersées au-dessus de la grande barrière de corail en hommage au destin de « La Sirène Australienne » 

clara riff