L’Égyptomania,
une effervescence antique.
Dès la fin du 19e siècle, les Occidentaux réalisent chaque année de nombreuses expéditions et fouilles archéologiques en Égypte. Celles ci permettent un enrichissement des musées, certes, mais elles nourrissent également une fascination toute particulière pour cette culture antique, qui donne au plus grand nombre des rêves de voyage.

Bien que cet engouement soit apparut très tôt (dès les premières découvertes pharaoniques sous Napoléon), on appelle « Egyptomania » le regain d’intérêt des Européens pour la civilisation Égyptienne du début du 20e siècle.
Cet attrait influence en premier lieu une grande partie du style Art Déco. Les fleurs et volutes traditionnelles de l’Art Nouveau s’éclipsent au profit de motifs plus géométriques.


Viendra le cinéma, qui, dès 1917, retranscrit ce fantasme égyptien avec le film Cleopatra, réalisé par J. Gordon Edwards. On y découvre Theda Bara en reine d’Égypte, dans des tenues somptueuses, des décors merveilleux (quoi qu’un peu cliché), le tout débordant d’or et de pierres précieuses.
Il n’en fallait pas plus pour lancer la mode des cheveux sombres, coupés au carré et des yeux cernés de khôl noir.

Mais c’est bien ce mois de Novembre 1922, date à laquelle sont découvertes des tombes égyptiennes, ainsi qu’une quantité astronomique de trésors qui relance définitivement L’Egyptomania. Divers reportages et écrits, exposent objets, vêtements et bijoux précieux dont la presse et le public se délectent.
Ces découvertes fascinent, et renforcent la liaison passionnée entre les Européens et l’Égypte. Liaison qui rapidement, envahit la mode.




Les tombeaux, leurs ornements et leurs peintures deviennent sources d’inspiration. On utilise une palette de couleurs sable, ocre ou ambre, rythmée par des notes de bleu turquoise, rouge rubis et vert émeraude.
Les symboles d’inspiration « hiéroglyphes » deviennent des motifs qui parent les vestes kimonos et les robes tubulaires. Des insectes, des pyramides, le scarabée ou la fleur de lotus, se dessinent en broderies luxueuses, bijoux, broches et autres boucles de ceintures. On orne l’ensemble de pierres, plus ou moins précieuses, de peaux de reptiles, de lourdes pièces de monnaie.


Les trésors trouvés dans les tombeaux font tourner les têtes, et comme ces rois égyptiens, on veut désormais porter de l’or en abondance.
On découvre dans les sarcophages des vêtements décorés à la feuille d’or qui inspireront le tissu lamé, des étoffes ornementées de petits disques d’or qui donneront naissance à la mode du sequin.
Les robes et jupes sont parsemées de centaines de ces paillettes, qui charmeront les Flappers, icônes et idoles des « Roaring Twenties », et figures de proue du look classique de cette mode féminine des années 1920.


Les découvertes, les étoffes, dessins et couleurs, déterrés de ce Monde Antique, ont eu un impact considérable sur la mode et l’art en général. Et l’imaginaire de cette Égypte rêvée, continue de vivre à travers un fantasme irréel fait de broderies et de paillettes, dans les collections « croisières » chez Chanel ou encore chez Dior, Balmain, Chloé…



clara riff