La folle histoire des « Ziegfeld Follies »
Les années qui précèdent la Première Guerre Mondiale correspondent en France comme aux États-Unis, à une période d’exubérance.
Dans un Paris sensuel, on danse, on boit, on s’encanaille dans les cabarets. C’est cette ville rythmée par le cancan assourdissant des Folies et Cafés Chantants, qui inspire un jeune homme ambitieux et visionnaire.
Né en 1867 d’un père à la tête du Chicago Musical College et de diverses boites de nuit, Florenz Ziegfeld (surnommé Flo) nage depuis toujours dans le monde du spectacle et des paillettes. Après quelques jobs dans les établissements de son père, Florenz, la tête pleine de rêves, s’élance des États-Unis direction l’Europe!
À Paris, il croise le chemin d’une jeune franco-polonaise, chanteuse de café, Anna Held. Anna est belle, Anna est passionnée, c’est une idole en devenir, il en est sûr. Il tombe éperdument amoureux de ses charmes et est décidé à faire d’elle une étoile en Amérique. Anna, après avoir passé quelques années dans un Paris ardent, voit plus grand. Bercée par le rythme du cancan des Folies Bergères, elle veut exporter ces shows si populaires aux États-Unis.
« Vos filles américaines sont si belles, les plus belles filles du monde, si vous les habillez chic, vous aurez un meilleur spectacle que les Folies-Bergère. »
Anna Held.


Il n’en faut pas plus a Ziegfeld pour (re)partir à la conquête des États-Unis. En bon chasseur de talents, il sillonne les villes et les cabarets miteux à la recherche de perles pour former sa troupe de « girls ». Et c’est en 1907, au sein du Winter Garden Theatre, que le public découvre les Ziegfeld Folies. Le succès est immédiat. Le public se presse tous les soirs devant cette somptueuse revue pour admirer Anna Held et ses cinquante beautés, performant dans des décors et costumes somptueux. Le show est régulièrement renouvelé pour ne jamais lasser son public, offrant toujours plus de nouveautés, toujours plus de splendeur et toujours plus de femmes.

Les « filles d’Anna » sont rapidement renommées Ziegfeld Girls, et renforcent la popularité des Ziegfeld Folies. Chaque nouvelle saison est attendue avec impatience, car elle signifie l’arrivée de nouvelles Girls… Considérées comme « Les plus belles femmes du monde » ces filles deviennent de véritables idoles, adulées d’un public hypnotisé par leurs charmes.




Les filles les plus belles, les décors les plus extravagants et bien sûr les costumes les plus somptueux. Ziegfeld ne se refuse rien et surtout pas le meilleur. En 1915, quelques mois seulement après leur rencontre, Florenz offre à Lady Duff Gordan le poste de costumière, accompagné de son budget…démesuré.
Créatrice de la marque Lucille, Gordan est connue et reconnue en Angleterre pour ses créations haute-couture riches, féminines et puissantes. Tout ce qu’il faut pour offrir aux Ziegfeld Girls des costumes aux étoffes somptueuses, du glamour, du luxe.



Mais c’est l’Amérique. C’est le showbiz. Ziegfeld voit grand, toujours plus grand. Des plumes d’autruches et autres fourrures exotiques, des cascades de perles, surmontant des déshabillés de dentelles asiatiques et des soieries précieuses. Tout est fait pour éblouir un public qui revient chaque soir plus nombreux que la veille.



Les années 1920 signent l’apothéose en matière de costume flamboyant.
Florenz Ziegfeld offre à Erté, créateur en vogue à Paris, la conception des costumes de quelques revues. Il apporte un glamour différent du travail de Lady Duff Gordan, et signe quelques unes des créations les plus emblématiques des Ziegfeld Follies. Plus opulents (Erté raffolait du lamé or et des broderies précieuses) ses costumes sont aujourd’hui des témoignages de l’extravagance des shows de l’époque.


Malheureusement, le rêve se termine par un réveil brutal.
Après des années de luxe et d’opulence, Ziegfeld, victime du crash boursier de 1929, perd toute sa fortune; La Grande Dépression des années 30 ne viendra pas arranger les choses. Le public ne peut plus se permettre de s’offrir de tels spectacles et les Follies sont finalement contraintes à fermer leurs portes en 1931.
Un an plus tard, Florenz décède des suites d’une infection pulmonaire. Effrayé par la mort, il aurait organisé jusqu’à sa fin des soirées illusoires, des orgies arrosées de champagne et de gin, perpétuant éternellement, l’aura si précieuse de ses Ziegfeld Follies.

clara riff