L’orbe Vivienne Westwood,
une rébellion royale s’il vous plait !
Elle s’offre un retour triomphant au sein de la « génération z » d’Instagram à Tiktok, surmontée de perles, de diam’s, au bout des doigts ou en ras de cou perlé. Zoom sur l’orbe de Vivienne Westwood, véritable symbole d’une rébellion royale, et sensiblement représentative de la jeunesse de 2021.
L’orbe ou globe du souverain est une sphère creuse surmontée d’une croix, dont les premières représentations remontent au Moyen-Âge. Celle ci fait, entre autres, partie des Joyaux de la couronne Britannique, avec épées, sceptres et autres couronnes étincelantes. Fondamentalement, l’orbe représente le pouvoir, elle est un symbole d’autorité dans une Angleterre, à la monarchie toujours active.
Rien ne semble rapprocher cet emblème religieux, de Vivienne Westwood, créatrice intimement liée au mouvement punk, à la vie nocturne et ses sous-cultures fétichistes…
Si ce n’est les origines britanniques.


1986 marque sa première véritable collection. Et le succès est au rendez-vous ! Celle ci apporte une touche moderne et provocante aux modes conventionnelles de la classe supérieure. Elle y détourne le corset et la crinoline. Juxtapose la sous-culture à la tradition. On y retrouve un pull tricoté que « pourrait porter le Prince Charles sur son temps libre ». Le chandail bariolé, reprend diverses insignes militaires et armoiries: le chardon Écossais, le Griffon et notre fameuse orbe qui fait sa première apparition dans le vestiaire Westwood.

Bien avant le succès qu’on lui connait aujourd’hui, Vivienne fait ses débuts aux côtés de son mari Malcolm McLaren, producteur des Sex Pistols avec qui elle ouvre l’iconique boutique SEX. Sorte de lieu de pèlerinage de tout bon punk, il s’y vend des tee-shirts informes sur lesquels sont imprimées des photographies subversives et des slogans anarchistes. Le tout est rythmé par God Save the Queen dans un décor hyper érotique voire pornographique.
Westwood joue constamment des codes de l’iconographie royale, elle s’en inspire autant qu’elle la détourne.

Afin d’apporter une aura futuriste, la sphère se pare désormais d’un anneau de Saturne. Reflétant parfaitement le lien entre passé et futur.Westwood, qui admirait l’histoire de la monarchie britannique et de l’astronomie, voulait rendre hommage à ces deux aspects. L’orbe devient alors le logo officiel de la marque. Son utilisation s’étend sur des boutons de manchette, des imprimés, des broderies, jusqu’à apparaitre en pendentif lors de la collection Time Machine AW/88-89.



La machine est lancée et le bijou ne tardera pas à descendre dans la rue. Cette popularité fulgurante, elle la doit également au manga Nana, oeuvre majeure d’Ai Yazawa et véritable phénomène au Japon puis dans le monde durant les années 90. L’histoire repose sur un univers underground, avec des personnages excentriques, évoluant dans le milieu punk, collant parfaitement à l’esthétique de la marque British. L’auteure, grande admiratrice de Westwood, obtiendra son accord afin d’habiller ses personnages de quelques pièces mythiques. Des « rocking horse ballerina », aux vestes en tartan et cuir, sans oublier notre fameuse orbe, déclinée en pendentif, piercing ou clou d’oreille.
Véritable coup de maître, cette collaboration avec la pop culture redorera l’image quelque peu lugubre de l’enseigne, enchainée jusqu’ici à une réputation sado-mazo-punko-londonienne.



2020. Le retour de la mode 90s, la nostalgie des jeans taille basse, des Buffalo et des épingles à nourrice justifieraient l’intérêt que la marque anglaise suscite à nouveau depuis quelques mois. Mais voyons plus loin qu’une simple question d’esthétisme:
Avec une imagerie qui respecte le passé, en suscitant un enthousiasme pour l’avenir, son retour en scène semblait inévitable. Vivienne Westwood c’est à la fois l’idéalisation d’un futur technologique, et un véritable engagement pour l’écologie et le marché de la seconde main qui touche cette nouvelle génération avertie. Inquiète pour son avenir, nostalgique d’une époque qu’elle n’a pas connue.
Ce parallélisme représente à merveille la génération Z;
L’orbe, semble apparaitre comme métaphore de cette jeunesse, qui oscille entre les époques.
Emblème, d’une génération consciente de son passé, prête à faire face à un futur qui sera le leur.

clara riff