Vamp(ire)
Vamp (n.f) : Femme Fatale, irrésistible. Belle et séductrice, perverse et sans scrupule.
Nous sommes en 1897 lorsque Rudyard Kipling poète du romantisme noir, se trouve comme hypnotisé par « The Vampire », tableau de Philip Burne-Jones. Celui ci représente une femme, le regard froid, le sourire sadique, surplombant un homme inconscient. C’est cette oeuvre qui semblerait à l’origine des représentations de la femme dite fatale. La même année Kipling s’en inspirera alors pour l’écriture d’un poème du même nom. Lequel donnera à son tour naissance à une pièce de théâtre, A Fool There Was en 1909, adaptée au cinéma six ans plus tard.



Le rôle de femme vénéneuse et sensuelle sera largement exploité dans les films noirs dès les années 1910.
A Fool There Was (1915) y met en scène l’actrice Theda Bara dans ce personnage principal de femme vampirique. Elle se joue des faiblesses des hommes, elle les attire, les épuise. Son pouvoir de séduction est tel, qu’il cause la perte de qui se laisse charmer. Consumant les esprits, ne laissant qu’une enveloppe charnelle, comme un vampire aspirerait du sang, c’est ce rôle qui lui vaudra le surnom de Vamp, diminutif de vampire. Et qui deviendra le terme populaire pour désigner ces femmes séductrices, s’avérant dangereuses.

Dès lors, ce rôle d’héroïne semble relié, corps et âme à l’iconographie du vampire. Silhouette longiligne, les yeux cernés de noir, le regard puissant, prête à mordre qui oserait s’en approcher.
Le corps presque arachnéen est mis en valeur par des étoffes brodées, des pièces de dentelles sombres qui laissent deviner une peau fine et blafarde. Les coupes exagèrent la carrure, les jupes sont fourreaux afin d’allonger les jambes, les cols sont montants pour permettre aux visages pâles d’attirer la lumière.

Cet esthétisme sombre fera de Théda Bara, la première icône du gothisme. Le succès du film A Fool There Was était une aubaine pour les studios de production afin de confectionner de toute pièce un personnage autour de cette image. Sans grande conviction, Théda Barra restera toute sa vie attachée à ce personnage de sorcière du charme. On lui attribue des pouvoirs surnaturels, on l’habille de voiles et dentelles sombres, de bijoux aux motifs de crânes ou d’insectes. Bara et son personnage de Vampire ne font plus qu’un. Et c’est ensemble qu’ils partiront en fumée en 1932 lors de l’incendie des studios Fox Film Corporation dans lequel bruleront les films noirs qui firent le succès de l’actrice.

Vampirisée par son propre rôle, Bara ne laisse derrière elle,
que le personnage mythique de la Vamp, encore largement exploité aujourd’hui.

clara riff