L’histoire du Trench-Coat

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L’histoire du Trench-Coat.

Cet article fut initialement publié pour Reset.eco

Septembre est bien là, apportant avec lui ce petit blues de rentrée automnal, aux odeurs de cannelle et de goudron mouillé. L’occasion de vous parler d’une pièce que l’on s’empressera de ressortir dès les premières gouttes: le Trench-Coat.  

1914, la guerre est violente, froide et humide. Les tranchées sont boueuses et les longs uniformes sont coupés dans un sergé de laine épaisse qui s’imprègne du moindre fluide et des odeurs de croupis. C’est sans compter sur un certain Thomas Burberry qui vient révolutionner le vêtement militaire. Quelques années avant, il invente un textile léger, souple mais résistant aux intempéries: la Gabardine. Celle ci apparait comme l’alternative parfaite en ces temps de guerre. 

On produit alors les premiers manteaux d’officiers en ce sens: Le Trench-Coat, littéralement « Manteau de tranchées » est né, et il est une véritable révolution technique pour le vestiaire militaire! 

Assez court pour ne pas trainer dans la boue, assez large pour faciliter le mouvement, il est équipé d’une ceinture à boucles en D, permettant d’y accrocher des accessoires comme des jumelles, pistolets ou grenades. À l’arrière une sorte de cape permet à l’eau de s’écouler, à l’avant un rabat assure la ventilation. Des sangles sont ajoutées aux poignets, ainsi que des boutons au niveau du cou afin de protéger des gaz toxiques. Les épaulettes permettent la suspension d’insignes militaires et la doublure amovible peut même être transformée en lit de fortune… Un vêtement tellement pratique qu’il ne tardera pas à se retrouver hors des tranchées poisseuses


WWI Photographs
Publicité Burberry (c.1918)

Dans un premier temps les anciens combattants revenus du front continuent de porter le trench-coat comme un trophée. Puis les civiles adoptent le manteau tel un message patriotique. Pour le grand public, celui ci incarne la prestance de l’officier, du vaillant protecteur de la nation. Même les femmes adoptent le trench comme symbole de solidarité à l’effort de guerre

Au départ vêtement de prix, il est rapidement copié par des échoppes de fortune qui commercialisent leurs propres versions moins chères, plus accessibles.

Sheila Brownlee – Équipe médicale de la Royal Army
Humphrey Bogart -Casablanca (1942)

Après la seconde guerre mondiale, la popularité du trench-coat ne se dément pas. Il représente cet idéal entre le style patriotique des années 40 et l’élégance des hommes aisés, et sera rapidement popularisé par les scénaristes Hollywoodiens. Au cinéma, il devient le vêtement de l’homme invulnérable, du gangster ténébreux, du détective intrépide et même de la femme fatale qui porte un déshabillé de soie sous son Burberry nonchalamment noué sur une taille de guêpe. 

Le trench-coat s’éloigne définitivement de son image militaire, laissant place à un glamour désirable et désiré par le public.  

Sophia Loren – The Key (1958)

Le manteau ne quittera jamais le paysage mode depuis. Des années 70 à aujourd’hui, il sera porté par tous, des stars de cinéma aux punks de Camden. Maisons de haute couture et marques de prêt-porter s’approprieront à leur tour cet incontournable. Chez Burberry, auto-proclamé créateur du trench-coat, ces quelques 26 pièces de gabardine assemblées au fil de coton couleur miel restent inchangées. 

Il apparaît aujourd’hui comme un véritable classique de mode, un peu comme le jean bleu ou le tee-shirt blanc.

Burberry Resort SS.2021

Des champs de bataille aux avenues parisiennes, le trench n’a plus à prouver sa longévité.

Ses origines de vêtement technique ont fait de lui un vêtement durable, sa praticité et son style l’ont rendu indémodable.


clara riff